9, 10, 11 juillet 2012
Entretien avec Wilfrid Estève, photographe, journaliste, professeur et producteur.
Lorsque le numérique est apparu dans l’environnement du photographe amateur, de l'artiste, de l'auteur ou du professionnel, personne ne s’attendait à un tel bouleversement dans les pratiques, les modes d’expression et de représentation. La manière de penser un récit ou de créer, de raconter son quotidien ou de toucher différents publics en fut bouleversée. Une grande rupture dans la consommation de l’information visuelle, dans l'interaction entre l'intime et les réseaux, nous permet un accès aux contenus en tout lieu et à tous moments. La photographie est devenue « conversationnelle » et sa diffusion multisupport ; tout un écosystème a vu le jour, il touche à tous les ressorts du récit fictionnel, journalistique ou autobiographique. Pour le professionnel, de nouvelles orchestrations éditoriales placent la problématique développée au cur d’univers narratifs complémentaires, d’expériences collectives d’interaction avec le récit et de processus complexes. Ils n’ont jamais eu autant de moyens et d’opportunités, et la question de la production reste le nerf de la guerre. Une alternative économique est en train de s’opérer avec l’arrivée des plateformes de financement participatif et la monétisation de l’audience. L’utilisation de la photographie était hier statique ; elle est aujourd’hui connectée, partagée, interactive et participative. L'image fixe peut s'animer et l'histoire prendre vie sur un ensemble de canaux : web, tablette, mobile, télévision connectée et réseaux sociaux. En 2012, la photographie est bien au coeur de problématiques de flux, de centres d’intérêt et de communautés.